Les résultats de l’étude conduite par les CAPEB d’Auvergne-Rhône-Alpes auprès de leurs adhérents pour le 3e trimestre 2024 montrent que même si certaines entreprises résistent mieux que d’autres à la conjoncture actuelle, le Marché de l’artisanat du bâtiment, davantage axé sur les activités d’entretien/rénovation, reste particulièrement impacté par les incertitudes politiques et la dégradation du secteur de la construction neuve. C’est pourquoi, la CAPEB invite tous les acteurs à réfléchir ensemble à une politique du logement repensée pour être à la hauteur des besoins.
Un niveau d’activité en demi-teinte
Malgré les 5% de baisse d’activité générale observée pour notre région, 60% des chefs d’entreprise parviennent à maintenir un niveau d’activité stable (37%), voire bon ou très bon (23%), notamment chez les couvreurs-zingueurs, les entreprises tous corps d’état, les charpentiers, les serruriers-métalliers et agenceurs-cuisinistes quel que soit le département. C’est d’ailleurs le cas en Haute-Savoie à hauteur de 32% des entreprises quel que soit le métier.
Cependant, même si pour ces entreprises les perspectives de travail restent plutôt favorables, les risques et incertitudes demeurent voire s’accentuent pour 40% des chefs d’entreprise qui déplorent un marché difficile et très difficile. C’est notamment le cas des entreprises travaillant dans les énergies renouvelables, les menuisiers, les électriciens, les entreprises de plâtrerie/isolation. Les départements les plus touchés sont l’Isère, du Rhône, de l’Ain, de la Drôme et de l’Ardèche.
Par ailleurs, l’incertitude politique sur les mois à venir impacte la visibilité sur les carnets de commande. En effet, le nombre d’entreprise observant une visibilité supérieure à 2 mois est en baisse de 5 points ce trimestre, alors que le nombre de celles qui n’ont aucune visibilité augmente de 6 points, soit 29% d’entre elles.
Des indicateurs financiers instables
En Auvergne-Rhône-Alpes, les marges des entreprises artisanales sont directement impactées par une concurrence plus agressive sur les prix, notamment pour les entreprises qui évoluaient sur le Marché du neuf en déclin. 18% d’entre elles déclarent des marges en baisse, + 4 points par rapport au trimestre précédent.
Même constat sur la trésorerie qui subit les fortes augmentations des prix, les conditions fournisseurs plus contraignantes et l’allongement des délais de paiement des clients. Ce trimestre, plus d’un tiers des entreprises de la région déplorent une trésorerie faible ou insuffisante.
S’agissant du chiffre d’affaires, impacté par les conditions d’accès aux crédits plus strictes et des clients plus hésitants à réaliser leurs travaux, il se stabilise pour 73 % des répondants, et est en baisse pour 19%.
Des intentions d’embauche en baisse
Le contexte politique actuel pousse 87% des artisans à stabiliser leur effectif. Seules 14% des entreprises sont en recherche de main d’œuvre même si le besoin est là. Certaines préfèrent refuser des chantiers compte tenu des incertitudes.
De manière générale, les artisans et chefs d’entreprise font état d’une fatigue, d’un manque de visibilité, d’une surcharge administrative…
A cet égard, il est donc temps d’agir. La priorité doit être donnée à créer les conditions d’une relance rapide en impliquant tous les acteurs concernés. Les dispositions prises dans le cadre du PLF 2025, comme le relèvement brutal du taux réduit de TVA sur les chaudières à gaz, la diminution de l’accompagnement des entreprises formatrices d’apprentis, la hausse de leurs charges, etc., interrogent sur la manière dont le Gouvernement souhaite résoudre les difficultés économiques du secteur et répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux.